Editorial, par Laurent VANDAMME, Président de WALLONIE LIBRE
Il semble être de bon ton, par les tristes temps qui courent, de critiquer, voire de nier, le droit aux Wallonnes et Wallons au droit à s’auto-gérer, bref, le droit fondamental, acquis au fur des différentes Réformes de l’Etat (1960, 1970, 1980, 1989, 1993, 2014), de notre latine Wallonie d’envisager son avenir à sa mesure, en fonction des valeurs qu’elle incarne et des aspirations qu’elle entretient pour son avenir.
Ces évolutions, nous les devons sûrement à quelques téméraires qui, quoique les rétrogrades en disent, les ont voulues, pire, les ont initiées et menées à bien, parfois maladroitement, parfois imparfaitement, mais avec une constance qu’il convient ici de saluer. Les constitutionnalistes et autres experts, s’ils sont de bon compte, diront combien, dans ce combat d’émancipation de notre peuple, notre mouvement fut souvent en pointe, parfois en avance sur son temps, on dirait même visionnaire, et souvent déterminant dans son orientation radicale. Car il a bien fallu plus que de la détermination, du jusqu’au-boutisme, pour parvenir à imposer le fait autonomiste à une classe politique, et au-delà à une population abreuvée de guimauve royale et d’illusions unitaristes qui, souvent, n’en voyaient pas l’utilité. Et pourtant… Au cœur des Trente Glorieuses, les plaies vives des collaborations de masse de 1940-1945, celles du V.N.V. et du Verdinaso, ont donné aux Wallonnes et Wallons les raisons d’y croire, et d’exiger cette décentralisation sur une base régionale, territoriale (comme pour Bruxelles d’ailleurs), quand les Flamands optaient, eux pour la base ethnique, identitaire, communautaire, niant Bruxelles.
Il fallut attendre 1980 pour que les Wallons obtiennent satisfaction, quand les Flamands étrennaient leur outil communautaire depuis déjà 10 ans. Première injustice, assez lourde de conséquences on le sait !
On ne crée pas une identité, au mieux on la révèle et on lui donne les raisons de s’épanouir et de prospérer. Si la Flandre avait pris une certaine avance, lors de ses tentatives proto-étatiques de 1914 et de 1940, il fallut à la Wallonie la force de se convaincre que la Région, plus tard l’Etat fédéré, était LA solution à son affaiblissement et son assujettissement, et que l’Etat central, numériquement flamand, allait constituer un obstacle mortel à son émancipation effective.
Mais, sous l’impulsion de ces visionnaires et d’un RW gonflé à bloc, la Wallonie autonome vit le jour, un peu étonnée d’y être parvenue. On se souviendra des institutions bredouillantes du Sofitel de Wépion et de la valse-hésitation entre Bruxelles et Namur, tranchée depuis lors. Encore que… D’aucuns remettraient bien le coq au poulailler, en lui reprochant cette audace inconsidérée. Oser quitter Bruxelles pour se choisir une capitale à soi, quel orgueil ! Seuls les Germanophones avaient osé ! Et pourtant ce fut fait, de façon plus ou moins assumée selon les partis et les époques… Aussi, revenir en arrière maintenant serait folie pure !
Il convient donc, s’ils veulent éviter de se retrouver dans le camp des empêcheurs d’évoluer (GLB ? Raoul ?) que nos élus ASSUMENT ENFIN PLEINEMENT leur WALLONITUDE, leur désir de vivre entre latins et francophones, d’entrevoir l’avenir à travers le prisme de cette réalité-là. Il ne s’agit pas ici de créer une identité, mais de lui donner enfin la pleine mesure de son expansion, loin des errances et impossibilités fédérales désormais plus que patentes. On ne refera plus du fédéral !
Nos élu.e.s auront-ils la même audace que leurs prédécesseurs en optant pour un modèle ouvertement centripète ? 2023 est la dernière année restant avant d’en être fixés. Nous y veillerons activement !
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