Editorial, par Laurent VANDAMME, Président de la WALLONIE LIBRE
2023, l’année du centenaire. Centenaire des Fêtes qui, outre leur évident côté populaire et récréatif, va dresser inévitablement une sorte de bilan sur le siècle écoulé. Siècle qui a vu la Wallonie émerger d’une Belgique encore unitaire mais déjà minée par le flamingantisme : il suffit pour s’en convaincre de relire les textes de Jules Destrée, d’Albert Du Bois ou d’Elie Baussart. La visite d’Albert 1er à Liège en 1930 était déjà marquée du sceau des revendications wallonnes, alors que celle-ci était au paroxysme de sa puissance et que la Flandre venait juste d’obtenir la flamandisation totale de l’Université de Gand. Tremplin dont elle allait se servir pour revendiquer sans cesse plus d’autonomie mais surtout, en ces terribles années ’30, une politique d’hostilité avérée au monde francophone et une germanité sans cesse renforcée.
Waterloo fut une réponse à cette hostilité, et la montée du nazisme en Europe donna aux Wallons une raison de refuser la politique de neutralité promue par la Flandre et Léopold III. Depuis lors, chaque année, nous nous souvenons de la clairvoyance de ces précurseurs et déplorons que leur souvenir s’estompe progressivement dans l’esprit des Wallons et de leurs dirigeants, alors que plus que jamais, le besoin d’une politique plus wallonne se fait ressentir.
1923 marqua la première étape de la « dé-francisation de l’Etat belge », dès ce moment, la Nation flamande prit son envol et son ombre plane toujours au-dessus de nos têtes ! François Bovesse, en créant ces fameuses Fêtes de Wallonie en cette année 1923, allait réveiller la fibre wallonne tout en dénonçant sans cesse les appétits flamingants qui allaient miner l’Etat belge. L’unilinguisme proclamé en 1932 dans chaque région allait ralentir la flamandisation sans l’arrêter. Bovesse y contribua activement durant ses ministères…
Quel bilan peut-on donc dresser de ce siècle ? Certes, la Wallonie existe, elle vit et son cœur bat dans chacune des politiques publiques mises en place pour lui donner corps. Mais les hommes et femmes politiques, les grands penseurs à l’origine de sa création officielle en 1980, lui ont-ils réellement donné ce supplément d’âme utile et nécessaire pour la faire aimer des Wallons ? Si nous, à la pointe du Mouvement wallon depuis 83 ans, avons ce sentiment chevillé au corps, qu’en est-il vraiment de la population, qui doit se sentir portée par l’esprit wallon ?
La question reste entière. Certes, il y a un sentiment wallon, surtout lorsqu’on se rend à l’étranger et qu’on rencontre d’autres Wallons. L’identité opère. Il semble aussi que les Wallons apprécient vivre en Wallonie, et qu’ils entretiennent avec leur territoire un réel amour. Les chiffres du tourisme prouvent que les visiteurs des sites wallons restent, à 51%, les Wallons eux-mêmes ! Devant les Flamands, les Néerlandais, les Français et les Allemands. Cela suffit-il pour rendre la Wallonie incontournable dans les cœurs et âmes des Wallons ? Non assurément ! Que manque-t-il donc pour que cette identité wallonne devienne indélébile et prioritaire?
Quelques actes publics forts, comme l’instruction du fait wallon à l’école, la démonstration de ce que la Wallonie soutend nos vies quotidiennes, la priorisation de la Wallonie dans les actes publics, avec une exemplarité et une efficience accrue (le cas des cabinettards pléthoriques ne nous aide pas). Liés à un vrai patriotisme au quotidien…
Que sera la Wallonie dans cent ans ? « L’avenir sera grand car il sera fait de nos œuvres » disait le Général…
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