Wallonie Chérie ou Wal-Honnie ?

Editorial par L. VANDAMME, Président de Wallonie Libre

« Wallonie je t’aime ! » Vous ne pourrez y couper ; dans les semaines et les mois à venir, seront nombreux ceux et celles qui feront assaut d’expressions racoleuses pour feindre leur amour de notre Wallonie ; très peu seront sincères, mais beaucoup feront semblant. Face au Belang et à ses attaques, face aux poncifs éculés de la N-VA, face à la Flandre avide d’étendre son emprise sur feue la Belgique, il sera effectivement de bon ton de faire croire qu’on est Wallon. Oh, pas trop quand même ; on n’ira pas jusqu’à djoser l’walon, encore moins plaider le rapatriement de sa culture à Namur (le fameux « repli » 😉), ni même attaquer l’omnipotence flamande en Ardenne, oh non ! On s’octroiera juste la marque de « bon wallon » face à l’électeur en lui susurrant à l’oreille que la Wallonie c’est bien, au fond ! Mais attention, pas au point d’oublier la Belgique !

Peu importe qu’elle soit devenue entièrement flamande, que la présidence de l’U.E. ne fera encore qu’accentuer ce fait accompli, qu’elle agisse de moins en moins pour défendre le fait francophone en Europe (il ne faudra pas longtemps pour s’en rendre compte en 2024 !!!), peu importe qu’elle soit devenue illisible et incompatible avec la Wallonie, n’en déplaise aux députés wallons qui croient utile de s’immerger dans la langue de Vondel -soit- à nos frais -ça, non !-, peu importe que toutes les preuves soient là pour marteler que ce pays est irréformable -désolé pour le néologisme- et qu’il est mortifère pour nous, pour notre culture, nos intérêts de peuple. Tout à l’heure, j’entendais encore cette forte mise en garde : « tout peuple qui se soumet à un autre, qui se met dans la dépendance d’un autre, est un peuple perdu ! »

Ces gens qui soumettent notre Wallonie, qui la maintiennent dans un état de sujétion, de minorisation, de dépendance, doivent enfin comprendre qu’ils l’entraînent à sa perte, pour lui donner une identité qui n’est pas la sienne, une identité prétendument belge qui n’est rien d’autre qu’un erzatz d’identité, masquant le fait que nous sommes foncièrement latins et que notre poste à son extrémité Nord devrait plutôt faire de nous les fers de lance de cette latinité et francité!

Pour la plupart d’entre eux, il s’agit davantage de parler de Wal-Honnie ! Celle qui serait responsable de tous les maux, de toutes les erreurs, de tous les vices. Les vertus seraient soit dans la Flandre, vous savez, celle qui travaille dur ( !) voire dans cette Belgique à sauver à n’importe quel prix ! Il est évident que nous, Wallons en pointe du combat, ne nous accomoderons pas de cet esprit de capitulard, qui n’est rien d’autre qu’un ethnocide planifié et organisé. Pas plus que nous ne nous satisferons du discours qui voudrait rendre à la Wallonie son lustre d’antan pour mieux la mettre en adéquation avec la Flandre aux pattes griffues, et relancer ainsi une Belgique florissante et joyeuse (sic).

A l’aube de cette mère des batailles que doit constituer cette année électorale 2024, donner du crédit à ces deux thèses, celle de la négation et celle de la mise en adéquation, je dis clairement NON MERCI ! Ces pentes dangereuses ne peuvent qu’appeler aux plus bas instincts ! En effet, quel récit tient-on aux Wallonnes et aux Wallons qui sont sensé boire ces mixtures amères et mortelles ? Soit la Wallonie doit se fondre dans un ensemble où elle n’aura rien à dire, car minorité méprisée, corvéable à merci. Soit elle doit concourir à un projet qui ne lui donne les moyens qu’à condition qu’ils servent la xième relance d’un projet commun qui a déjà fait les preuves de son impossibilité et de son iniquité à notre égard. Choix débile !

Il existe pourtant un projet plus grand, plus beau, plus noble, plus difficile sans doute, mais oh combien plus exaltant, c’est celui que nos frères québécois, basques, catalans, écossais, jurassiens, ukrainiens, arméniens du Haut-Karabagh nous montrent courageusement, celui dont nos cousins slovènes, slovaques, lituaniens, estoniens, lettons ont prouvé oh combien il était vital pour eux et salutaire, celui-là même remis en cause par la brutalité des centralisateurs de tout poil. Ce projet, ce « beau risque » des Québécois, c’est et ça restera l’indépendance !

Que 2024 vous comble en semant les graines de cette idée lumineuse qui constituera plus que jamais notre horizon…